Accélérer le mouvement vers la nation européenne : la fausse bonne solution

Accélérer le mouvement vers la nation européenne : la fausse bonne solution

Accélérer le mouvement vers la nation européenne : la fausse bonne solution. Par Charles Gave Conférence donnée lors du 7ème Weekend de la Liberté L’un des lecteurs de L’IDL m’a posé une question toute simple. Pourquoi êtes-vous certain que notre tout nouveau Président va échouer ? Commençons par le commencement : Je ne souhaite pas que le nouveau Président échoue. Je souhaite qu’il réussisse. Comme les lecteurs le savent, j’ai mal à la France depuis trop longtemps pour me réjouir du fait qu’elle tomberait encore plus bas. Qui plus est, souhaiter que les autres échouent est un sentiment bas. Certes, je connais la vieille plaisanterie qui dit que « ce n’est pas tout de réussir dans la vie, encore faut- il que vos amis échouent » mais j’essaie toujours de lutter contre ce que les Allemands appellent la « schadenfreude», ou joie mauvaise qui vous envahit quand l’un de vos amis se casse la figure. Donc, non seulement je ne le souhaite pas, mais j’aurais honte de le souhaiter… En fait, quand j’essaie de comprendre pourquoi je pense que tout cela va mal se terminer, je me rends compte que je pense tout simplement qu’il ne peut pas réussir.  A l’impossible nul n’est tenu, dit le vieux proverbe français, et je vais donc essayer de montrer dans ce papier que notre Président, compte tenu des contraintes qu’il a accepté, ne peut que continuer à glisser sur la pente qui fut fatale à tous ses prédécesseurs.  Il nous faut donc, avant toutes choses, comprendre la -ou les- raisons qui ont fait que Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande… qui n’étaient pas tous sots ou incompétents, se sont cependant tous cassé la figure. Voici mon explication et si les idiots de changent jamais d’avis, je dois être particulièrement demeuré, puisque c’est ce que j’écrivais dans « Des lions menés par des ânes » en 2002. La France indiscutablement est une nation, sans doute l’une des plus anciennes au monde. Or une nation, comme le disait Renan : « C’est une volonté de vivre ensemble ». Cette volonté de vivre ensemble a engendré une institution à qui les Français ont délégué, au travers des âges, ce qu’il est convenu d’appeler le « monopole de la violence légitime ». D’abord ce fut la Royauté, d’où commença à émerger un embryon d’Etat à peu près à l’époque de Philippe Le Bel. Cet Etat ne fit que se renforcer au fil des siècles pour devenir autonome en rompant sa relation avec la Royauté à la fin du XVIII me siècle. Pour exercer ses fonctions et payer ceux qui sont à son service, cet Etat doit prélever des impôts et ces ponctions s’opèrent par l’intermédiaire d’une monnaie nationale que notre Etat émet et contrôle. Et cette monnaie va être en quelque sorte « l’image en creux » de la volonté de vivre ensemble de la population. Beaucoup de mes amis, libéraux ou non libéraux me font remarquer qu’en ce qui concerne notre pays, l’Etat a préexisté à la nation et qu’en quelque sorte, la France est une création de son Etat, ce qui est en partie vrai. Ce ne fut pas le cas de l’Allemagne, de l’Italie, voire de l’Espagne où la Nation a précédé l’Etat. De ce fait, la France est d’une extraordinaire diversité, l’Etat ayant aggloméré des populations fort différentes. Ce qui n’a aucune importance : Est Français, d’après Renan, celui qui veut l’être, même si à l’origine, on les a un peu forcés à le devenir… Ce qui nous amène à l’une des caractéristiques un peu surprenante de notre pays. Pour de nombreuses raisons qu’il n’est pas besoin d’évoquer ici, une part importante de la population française cherche à être employée dans les services de cet Etat. Cette réalité ne m’inspire qu’un seul commentaire : si c’est le prix à payer pour que cette volonté de vivre ensemble perdure, je n’ai rien à dire. Il n’en reste pas moins que ces fonctionnaires doivent être payés par l’impôt (ou par les emprunts qui ne sont que des impôts différés comme chacun le sait). Or dans un pays, il existe deux sous-groupes composés : ceux qui travaillent dans le secteur public ou para public et ceux- là seront payés par les impôts qui sont prélevés sur la deuxième partie de la population c’est à dire ceux qui travaillent dans le secteur marchand que l’on a coutume d’appeler le secteur privé. Et donc, ceux qui supportent le coût du secteur public sont ceux qui travaillent dans le secteur privé et seulement ceux-là. Pour faire simple, l’Etat ne peut pas prélever des impôts sur lui-même. Tout impôt de ce fait est prélevé sur le secteur privé et seulement sur le secteur privé (et en fin de parcours, sur le consommateur). En rappelant cette vérité éternelle, je ne porte AUCUN jugement de valeur sur la nature du travail fourni par les uns et par les autres. Moralement, on peut tout à fait défendre l’idée que le travail d’un médecin à l’hôpital a plus de valeur pour la société que celui fourni par un médecin exerçant son activité dans le secteur privé-ou défendre l’opinion contraire. Il ne s’agit que d’opinions. Ce qui m’amène au monde des chiffres. En France, nous avons 70 % de fonctionnaires de plus par 100000 habitants que les Allemands (source OECD). Il s’agit-là d’une réalité factuelle. Comme je viens de le rappeler, ces fonctionnaires sont payés par des prélèvements effectués sur ceux qui travaillent dans le secteur privé. Et donc l’Etat Français a des coûts supérieurs à ceux de l’Etat Allemand, que l’on peut chiffrer à environ 10 points de PIB, ce qui est un autre fait. L’Etat Allemand représente à peu près 46 % du PIB allemand alors que notre Etat se rapproche des 57 % du PIB français.  Ce qui fait que toute société française en concurrence avec une société outre Rhin va souffrir d’un handicap de compétitivité puisque sa rentabilité sera inférieure après impôts à celle de sa concurrente allemande. Pour compenser ce déficit structurel de compétitivité sans plomber le secteur privé, il faut simplement que les fonctionnaires français soient moins payés que les fonctionnaires allemands au travers du temps, ce qui implique que le Franc Français baisse structurellement vis-à-vis du DM, et c’est ce qui s’est produit pendant des décennies, comme en fait foi le graphique suivant. De 1970 à 2000, la variable d’ajustement fut le taux de change entre le franc et le DM, et le DM passa de 1.25 FF /dm à 3.3 FF/dm tandis que la croissance économique en France était au moins aussi forte en France qu’en Allemagne. En 2000, « on » a bloqué le taux de change, les sociétés françaises cessent rapidement d’être  concurrentielles, la variable d’ajustement devient la croissance qui accélère en Allemagne et  qui s’effondre en France, ce qui entraîne hausse du chômage et déficits budgétaires chez nous et le contraire chez les allemands….Pour faire court, le taux de change fixe subventionne les entreprises allemandes et pénalise les entreprises françaises puisque le coût du super siège social « Etat» est supérieur en France à ce qu’il est en Allemagne. Et c’est de ça que nous crevons. Conclusion TOUS les Présidents de la République depuis monsieur Mitterrand ont eu comme projet de créer de toutes pièces une Nation Européenne, alors qu’il n’y a pas de volonté de vivre ensemble en Europe, ce qui veut dire que l’Europe n’est pas une Nation. Il s’agit-là d’une immense erreur conceptuelle de la part d’une classe dirigeante obsédée par l’Allemagne, comparable un peu à la Ligne Maginot dans les années 30 que les mêmes élites, Pétain en premier, soutinrent jusqu’à ce que les allemands entrent dans Paris (de Gaulle y était opposé). Or monsieur Macron, le poulain sélectionné par cette même élite veut accélérer le mouvement vers la Nation Européenne, ce qui ne va faire qu’aggraver les choses. Faire plus de quelque chose qui ne marche pas, c’est ce que fit le communisme pendant un siècle, et chacun en a constaté les résultats heureux. Pour arriver à ses fins, notre Président va devoir virer environ 40 % des fonctionnaires français ou bien faire baisser leurs salaires et ceux du secteur privé, ce qui a déjà été essayé en Grèce depuis quelques années ou en France en 1934 avec monsieur Laval. Ou alors, les allemands devront transférer aux autorités françaises le montant de la subvention qu’ils touchent grâce au taux de change, ce qui est inenvisageable, même si l’on présente cela comme une contribution à la Défense de l’Allemagne. Enfin, si l’on baisse le salaire du français compétent et travailleur, il ira se faire embaucher ailleurs, en Allemagne ou à Hong-Kong par exemple et ne resteront chez nous que les mauvais, ce qui ne va pas favoriser la croissance… Dans le premier cas, notre volonté de vivre ensemble va exploser. Dans le second, nous allons devenir comme le Sud de l’Italie. Nous irons quémander des subventions ou des emplois en Allemagne comme les Napolitains le font à Milan et la seule industrie de croissance sera la corruption. A mon avis, il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir de solution intermédiaire, et monsieur Macron va donc échouer, comme tout le monde avant lui. La réalité est toute simple et c’est cette réalité que le nouveau Président refuse de considérer. Cette réalité, la voici et elle n’a pas changé depuis 17 ans : 1. On peut avoir 70 % de fonctionnaires de plus que l’Allemagne 2. On peut avoir un taux de change fixe avec l’Allemagne 3. On ne peut pas avoir les deux à la fois. Jamais je n’ai plus souhaité avoir tort. Article paru le 22 mai sur http://institutdeslibertes.org/les-chances-de-reussite-de-monsieur-macron/ Pour ceux qui veulent en savoir plus : http://institutdeslibertes.org/pourquoi-et-comment-leuro-detruit-leurope/ Retrouvez sur YouTube la conférence de Charles Gave lors du 8ème Weekend de la liberté du 22 au 24 septembre 2017



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