Nutriscore et empreinte carbone

Nutriscore et empreinte carbone

Par François Gervais Après les étiquettes concernant l'impact nutritionnel des aliments, dont le Nutriscore, les labels "empreinte carbone" se multiplient, qu'ils viennent d'entreprises (Unilever prévoit d'indiquer l'empreinte carbone sur les emballages de ses 70.000 produits), d'institutions ou d'ONG. Ces initiatives peuvent-elles être utiles ou s'agit-il, surtout venant des industriels, d'une nouvelle façon de faire du greenwashing ?

Sans carbone, la vie n’aurait pu se développer sur Terre. L’atome de carbone est indispensable à la formation des protéines, structures des mécanismes vitaux, des vitamines, des acides nucléiques, supports de l’information génétique, des molécules qui stockent l’énergie indispensable au bon fonctionnement des cellules. Sa présence est irremplaçable dans notre organisme. Il est tout aussi indispensable à la vie de la faune que de la flore. Toute nourriture même labellisée « bio » ne saurait se passer de carbone, en proportion essentiellement identique à celle qui n’a pas cette étiquette. L’être humain inspire de l’oxygène. Il expire du dioxyde de carbone (CO2), environ 25 tonnes cumulées sur une vie. La photosynthèse des plantes a expressément besoin d’énergie provenant du soleil, d’eau du sol et du CO2 atmosphérique pour leur croissance.

« L’empreinte carbone » fait référence aux émissions de CO2 dues à la combustion des ressources fossiles, charbon, pétrole, gaz, pouvant intervenir sur la température de la Planète par effet dit « de serre ». 44 % des émissions restent en effet dans l’atmosphère, au moins momentanément. En revanche, il est important de rappeler car ça l’est trop peu souvent, que 33 % des émissions profitent directement à la végétation en général et aux plantes nutritives en particulier. L’empreinte carbone est associée à la fraction carbonée de l’énergie dépensée pour la culture ou l’élevage s’il s’agit de nourriture ou par la fabrication d’un produit, puis leur acheminement. Il serait plus pertinent de préciser l’élévation de température provoquée puisque le prétexte est climatique. Dans son rapport AR5, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) précise – si l’on peut dire, car justement cela reste très imprécis – que la Terre se réchaufferait entre 1°C et 2,5°C au moment où la proportion de CO2 doublerait dans l’atmosphère. Même si cela ne représente que 0,04 % en volume, l’atmosphère contient 3200 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2, G pour giga). Il faudrait donc émettre 3200 GtCO2/44 % = 7300 GtCO2 pour provoquer son doublement dans l’air. Au rythme annuel d’émissions mondiales de 36 GtCO2, soit une augmentation de 0,5 % par an, le doublement ne risque pas d’être pour demain. L’élévation de température due à l’émission d’une tonne de CO2 serait ainsi de 1/7300000000000 = 0,00000000000014°C si l’on prend la valeur basse de la fourchette incertaine du GIEC, 2,5 fois plus avec la valeur haute. Cela ferait beaucoup de zéros derrière la virgule sur l’étiquette…

Quelles sont les limites de ce genre de label ? Est-il vraiment possible de définir l'empreinte carbone d'un produit ? Par exemple, la norme ISO 14067 d'août 2018 sur l'empreinte carbone des produits précise bien qu'elle "n'évalue aucun aspect ou impact social ou économique, ni aucun autre aspect environnemental et impacts associés résultant potentiellement du cycle de vie d'un produit".

L’empreinte climatique d’un produit serait entachée de l’incertitude de 1°C à 2,5°C reprise du GIEC, au minimum. Son empreinte carbone dépend du type d’énergie utilisée pour l’obtenir et l’acheminer. Si l’énergie utilisée a été électrique, soit à peu près un quart de l’énergie produite en France et dans le monde, il faut établir la part d’électricité décarbonée comme le nucléaire et l’hydroélectrique, très élevée en France, près de 90 %, mais plus faible dans les éventuels autres pays d’origine du produit. L’acheminement devra faire la part entre les transports émettant du CO2, avions, navires, véhicules à moteur thermique, voire hybride, et véhicules électriques en faisant toutefois la part pour ces derniers de l’origine carbonée ou non de l’électricité utilisée. Si le produit devait être recyclé, il faudrait anticiper l’énergie nécessaire et sa fraction d’énergie carbonée. Même chose pour le traitement des déchets.

Le consommateur va-t-il suivre les recommandations de ce genre de label (et, par exemple, arrêter de manger des tomates en hiver et réduire sa consommation d'avocats), alors que les logos nutritionnels peinent déjà à les convaincre de réduire les aliments à forte teneur en sucre et en matières grasses ?

« L’ancien monde » qu’a connu nos ainés n’avait guère d’autre choix que de privilégier les circuits courts d’approvisionnement. De nos jours, si l’on se souvient de nos cours de géographie, la provenance d’un produit généralement indiquée sur l’étiquette est suffisante pour vérifier s’il a ou non fait la moitié du tour de la Terre avant d’arriver à notre domicile ou dans notre assiette.

Article paru sur Atlantico.

Visionner la conférence webinaire du Cercle Frédéric Bastiat du 6 mai ” Urgence climatique et énergétique “ par François Gervais

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